Jour : 27 décembre 2011
Au Cameroun, la prostitution masculine se fait au grand jour | Slate Afrique
Si vous débarquez à Douala, la capitale économique du Cameroun, il est une curiosité qui n’est pas à rater : un lieu-dit «Carrefour, j’ai raté ma vie». L’endroit grouille de monde, de jour comme de nuit, et les petits bistrots alentour diffusent continuellement une musique rendue encore plus assourdissante par la chaleur moite de la ville. Personne ne sait d’où vient ce nom. Mais ce que l’on peut voir, c’est que le «Carrefour-j’ai raté ma vie» est un haut lieu de débauche. Une journaliste du quotidien Le Jour a fait une incursion dans cet univers, à la rencontre des prostitués gays de Douala.
La journaliste raconte que, à première vue, on l’impression d’avoir à faire à de jeunes femmes. C’est le cas de Bertrand, 26 ans, et qui se fait appeler Aurélie. La description est hallucinante:
«Le jeune homme porte une perruque harmonieusement coiffée. Son visage est maquillé: fond de teint, rouge à lèvres, fard à paupières, faux cils. Il a les ongles longs, bien manucurés. Il arbore une généreuse poitrine que bien des filles lui envieraient. Mais, en fait, ces seins sont des préservatifs remplis d’eau et habilement fixés dans des soutiens-gorge. Un cache-sexe aplatit ses organes génitaux et l’illusion est parfaite.»
Ce déguisement, explique le quotidien Le Jour est pratiquement le même pour tous les homosexuels travailleurs du sexe à Douala. Un phénomène encore mal connu dans ce pays, mais qui ne semble plus surprendre personne.
Adonis Tchoudja, le président d’une association de lutte contre le sida, fait savoir que la prostitution masculine au Cameroun a pourtant démarré il y a une dizaine d’années :
«Les acteurs qui se livrent à cette activité se considèrent comme filles libres pour les prostituées femmes, le phénomène n’ayant pas encore d’appellation courante pour les hommes.» Il ajoute que si leur nombre n’est pas encore bien déterminé, tout porte à croire qu’il s’agit d’une population à très haut risque d’exposition au VIH.
Une menace qui ne semble pas prise au sérieux par ces jeunes hommes, qui vendent leurs charmes dans les rues Douala. Big Mami, un autre jeune homme, 27 ans, qui a accepté de se confier à la journaliste du Jour, le dit sans détour :
«Quand quelqu’un me plait, s’il veut utiliser des préservatifs, on le fait ; s’il ne veut pas, on ne les utilise pas. Mais quand je n’aime pas une personne, j’utilise toujours le préservatif.»
Bien souvent d’ailleurs, le tarif est doublé pour une passe sans capote: 4.000 ou 5.000 francs CFA (entre 3 et 5 euros) au lieu de 2.000.
«Dès qu’on finit les rapports, je me nettoie et ça va», explique Big Mami, certain de pouvoir éviter, par ce simple geste, d’être contaminé par le VIH.
Mais les gays qui se prostituent au Cameroun, n’offrent pas leurs charmes qu’aux hommes. Le Jour indiquent qu’ils satisfont aussi les plaisirs des femmes, souvent très âgées et délaissées ou de personnes à la santé fragile. Comme Marie-Ange, devenue paraplégique à la suite d’une crise cardiaque. Ou encore Albert, épileptique, que ses copines quittent chaque fois qu’il fait une crise. Alors, pour être sûr d’avoir du plaisir, il vient le prendre chez les garçons-filles du «Carrefour j’ai raté ma vie».
Lu sur Le Jour
Jeanne d’Arc, « le numéro 9 » | À La Une | L’Orient-Le Jour
À La Une
Portraits croisés
Jeanne d’Arc, « le numéro 9 »
| jeudi, décembre 22, 2011

Jeanne d’Arc, une dame drôle et élégante. Photo Carla Henoud
Elle s’appelle Jeanne d’Arc. Fière gardienne d’un temple, sa maison familiale transformée en « foyer de jeunes filles de Furn el-Chebback » depuis 22 ans. Dans ses cahiers intacts, rescapés de la poussière du temps, comme dans sa mémoire infaillible, elle cache des souvenirs et des secrets.
C’est un petit bout de femme décidée, joyeuse et lucide. Même en charentaises, la dame est élégante. Ses longs doigts qui accompagnent ses gestes, son regard pétillant et son sourire lui donnent une jeunesse éternelle qui lui va bien. Jeanne d’Arc Salim Zarazir, née en juillet 1932, a grandi avec ses dix frères et sœurs, qui portent tous des noms de saints, dans cette maison traditionnelle construite par son père en 1925. « Je suis le numéro 9 », dit-elle fièrement. Elle doit son prénom à son père, qui aurait vu « une ombre mystérieuse se diriger vers lui en lui affirmant qu’elle était Jeanne d’Arc. Ne crains rien, lui aurait-elle dit, je serai toujours auprès de toi ». Ainsi naquit Jeanne d’Arc Zarazir en juillet 1932, « en deux minutes! » souligne-t-elle. Et d’ajouter : « J’ai toujours été facile ! »
Facile quoique tellement stricte, Jeanne d’Arc, célibataire, a vécu auprès de sa mère jusqu’au décès de cette dernière dans cette vieille demeure libanaise de Furn el-Chebback. « La maison est devenue trop vide et trop grande pour moi, alors, avec mon frère Ephrem, le numéro 11, nous avons décidé de la transformer en foyer de jeunes filles. »
Le foyer ouvre ses portes en 1989. Des sept pièces existantes, cinq sont proposées à la location et partagées par deux étudiantes, dont les âges varient entre 19 et 22 ans, souvent venues de villages lointains étudier à l’Université libanaise des beaux-arts toute proche. Rien ou presque n’a changé dans la décoration des lieux. Les meubles anciens et les plafonds hauts évoquent le passé. Partout, des photos de famille, aux murs, sur les tables, et des statues de la Vierge, imposent une ambiance à la fois familiale et austère. Un téléphone des années 70 avec des jetons de 500 LL fait fonction de téléphone public. Sa sonnerie rappelle les feuilletons télévisés locaux des années d’avant-guerre… La maison, qui dégage le parfum d’un Beyrouth disparu, a même inspiré des réalisateurs, tel Olivier Assayas qui y a tourné certaines scènes de son film Carlos.
Permis et interdits
Les lois, ici, sont claires : interdiction de recevoir des « jeunes gens », obligation de respecter l’ordre et la discipline. « Les filles peuvent sortir, mais elles doivent avertir quand elles ont une soirée, précise Jeanne d’Arc, non sans une pointe d’humour. Celles qui ne sont pas disciplinées, je les jette dehors ! Je ne veux pas me tracasser… Une fois, une jeune fille ronflait, je l’ai renvoyée… Elle dérangeait sa colocataire. Pareil pour une autre qui avait “la main longue” », comme on dit en arabe.
Jeanne d’Arc est seul maître à bord. Il en est ainsi depuis 22 ans. Toutes les étudiantes sont » répertoriées « dans un cahier secret et sacré. Elle en a deux, où le maître de céans inscrit les informations d’usage : nom, prénom et adresse. Les pages à carreaux rengorgent de détails inscrits clairement, à usage strictement personnel. « J’en ai besoin pour ma comptabilité », poursuit-elle. Au début, les tarifs étaient de 15 000 LL. Aujourd’hui, ils sont de 120 dollars par mois.
Certaines des « filles » de mademoiselle Jeanne d’Arc sont restées des années, « la 4e a vécu ici 17 ans ! » d’autres quelques mois. Elle garde quelques rapports affectueux avec les plus sages, qui viennent la revoir de temps en temps.
Vingt-deux ans que cela dure, et pas de raisons que cela cesse. Le foyer continue de vivre au rythme des passages des unes et des autres, du quotidien de Jeanne d’Arc qui rappelle qu’elle cherche toujours un mari, « beau, riche et intelligent ». Pour, surtout, la faire voyager. Car Jeanne d’Arc aime les voyages – elle a visité la France, la Turquie, la Jordanie et l’Égypte. Elle aime partir pour mieux revenir et retrouver sa maison, ses chats, ses fleurs, son oiseau et son jardin. Et tous les souvenirs d’enfance vécus dans cette maison, tous les Noëls, les naissances et les mariages. « Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour ne pas être obligés de vendre », affirme son frère Ephrem. Mais jusqu’à quand résisteront-ils aux appels des promoteurs ?
En attendant, Jeanne d’Arc mène sa vie dans une tendre routine. Il est midi passé. L’heure du repas. Le sien et celui des chats. Elle raccompagne alors ses visiteurs avec une ferme douceur. Puis elle referme la porte en fer, un peu comme elle referme son cahier légèrement jauni. Farouche gardienne de sa mémoire.
[youtube http://www.youtube.com/watch?v=EvZ-rAUuTDE&w=560&h=315]
PENSEES POSITIVES» Ma Planète
LES HABITS DE MOTS » Ma Planète
Ajouté le 12/21/2011 08:57:52 par NOEMIE
LES HABITS DE MOTS
Dans un pays nordique naquit un jour une fillette frileuse. On l’appela Lia. Elle avait toujours froid aux pieds, aux mains, à la tête et au cœur.
Vers sa sixième année, ses parents décidèrent heureusement, pour une raison n’ayant d’ailleurs rien à voir avec elle, de s’installer dans une contrée plus chaude. Lia n’eut plus les pieds, les mains et la tête glacés. Mais frileuse du cœur elle resta.
Un jour où elle relevait comme à l’ordinaire le courrier de la boite à lettre familiale, elle eut en main une enveloppe à son nom. Pas d’adresse, pas de nom de famille ni d’indication d’expéditeur au dos, seulement son prénom de trois lettres en gros caractères. Elle ne savait qui diable pouvait bien lui écrire mais elle s’attendait tout au moins à une lettre, une carte ou un poème, enfin à des mots écrits sous une forme ou une autre…
Mais non ! La feuille dépliée ne révélait que deux traits tracés hâtivement au pinceau noir. Quelle déception ! Car Lia, qui n’entendait surtout que la partie la plus rugueuse de sa langue maternelle, à savoir les « Dépêche toi ! », « Encore tes bêtises ! » et « Quelle maladroite ! » caressait une idée folle : si nul mot doux ne parvenait à ses oreilles pourtant fines et attentives, c’était peut-être que les mots doux s’écrivaient plutôt, préféraient se nicher au creux des pages.
Elle avait donc appris très vite à lire. Les fillettes qui évoluaient dans ses livres lui paraissaient plus gâtées qu’elle. Alors Lia s’était exercée à l’immobilité et à l’absence de relief. Elle avait tenté de se rendre aussi plate et figée qu’une image mais sans grand résultat.
Et voilà maintenant qu’elle détenait ce courrier mystérieux. Mais cette feuille-là parlait chinois, hébreux, latin, ou grec…
Lia se souvint que la maîtresse leur avait parlé de calligraphie chinoise le mois précédent. Elle regarda attentivement les échappées d’encre soufflées et tenta de mimer les gestes supposés les avoir déposé.
Après plusieurs essais sa main prit une sorte d’élan. Alors Lia retourna la feuille et se mit à écrire des mots.
Des mots de toutes les couleurs et de différents timbres
Des mots sérieux ou blagueurs
Des mots gravissant des collines et dévalant des pentes
Des mots qui se reposaient à l’ombre de bosquets
Des mots qui s’éclaboussaient à l’eau glacée des ruisseaux
Des mots à elle et à tout le monde.
A ce rythme, la page fut vite remplie. Quand Lia relu ses phrases, elle se mit à sourire en pensant qu’elle avait finalement bien reçu une lettre de mots doux à elle adressés.
Et de ce jour, Lia n’eut plus jamais froid, puisqu’elle savait, entre lecture et écriture, s’habiller de mots.
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